On a beaucoup interrogé Nath-Sakura sur le regard peu orthodoxe qu’elle a eu sur le Tarot de Marseille, dans l’interprétation qu’elle en a faite et intitulée « Le tarot d’Eve ». Il est vrai qu’elle a beaucoup plus travaillé sur le symbolisme des arcanes que sur leur forme graphique traditionnelle. Ce qui donne des images à mille lieux de ce à quoi on pouvait s’attendre. Commençons avec la 12e arcane du tarot de Marseille : le pendu.
Tête en bas
Le pendu traditionnel du tarot a la tête en bas pour souligner la notion de perte de repère. Nath-Sakura a choisi de l’aveugler et d’en faire un petit noble confronté aux affres de la Terreur révolutionnaire. Ce qui est une autre façon de parler de perte de repère complète et absolue. Ce qui l’intéressait dans le projet du tarot n’était pas de « copier », ni de « transposer », mais de conserver la symbolique et de faire « autre chose ». Sinon quel intérêt ? Les tarots n’avaient pas de besoin d’une photographe pour réaliser un énième pendu la tête en bas et les jambes croisée.
Un des commentateurs avait écrit à l’époque : « Une belle inspiration encore… j’aime beaucoup la perte de repère représentée ici par le bandeau… dommage quand même de perdre la notion chère à Hermès Trismégiste dans sa table d’émeraude « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »… »
Tiers Etat
Sa réponse : « La noblesse chutant dans la roture, la déchéance et la mort, n’est-ce pas une amusante exégèse de la Table ? » On découvre ainsi, en regardant de plus près l’image, que le noble en question porte encore un cintre dans sa chemise à jabot (un cintre sert aussi à suspendre, comme la corde du pendu). Une façon de pendre la seule chose qui fasse la différence entre le haut et le bas, les nobles et le tiers-Etat : le vêtement. Une façon de parler de ridicule, qui est la pire des déchéances, et le comble du renversement…