Voici une photographie dont le discours est assez simple. Mais curieusement, la plupart des spectateurs que j’ai interrogé sur le sujet sont passés totalement à côté, n’y voyant que l’imagerie underground, à la S.T.A.L.K.E.R. (un jeu vidéo post-apocalyptique).
Pourtant, sous les atours d’une imagerie fetish très sale, utilisée effectivement dans le cinéma et les jeux vidéos « darks », j’y décrit quelque chose de beaucoup plus enthousiasmant, d’infiniment vivant et, comme d’habitude, de très personnel.
Quand on parle de la vie, on a tendance à imaginer la gaieté printanière d’arbres en fleur ou la peau veloutée d’un bébé tout rose. Pourtant, la vie, c’est aussi l’obscène mélange organique d’un accouchement, le grouillement souterrain d’une foule d’animalcules gluants sous l’humus, et l’intériorité grasse, liquide et probablement malodorante d’une… chrysalide.
Car c’est évidemment de ça qu’il s’agit. Les sources lumineuses ont été placées de manière à faire apparaitre des ailes à la jeune femme (Maëlle) qui s’est prêtée à la réalisation de cette photo. Le tuyau de son masque à gaz et la forme effilée que celui-ci donne au visage est fait pour rappeler la tête des lépidoptères. L’enfermement, avec tous les murs rapprochés, pour parler d’un cocon. Les ombres portées de la modèles structurées pour lui donner l’apparence d’un insecte.
Le choix des noirs profonds, de l’aspect gluant et sale sur la texture du latex qui habille la jeune femme, les couleurs intenses, vertes, bleues et brunes, rappellent bien l’idée que je me fais de l’intérieur d’un objet organique, vivant, complexe.
Pourtant, c’est une femme. Et si l’on reste sur ce registre, c’est une femme qui attend, le corps tendu vers la lumière, l’esprit projeté vers la liberté. Etouffant au point qu’elle doit projeter haut le tuyau de son masque comme pour respirer avec un tuba. Avec un escalier dont on peut croire qu’il mène à la libération…