S’il est une partie de mon travail où le symbolisme a été porté au pinacle, c’est bien dans Le tarot de Lilith, sous titré : « Histoire d’une fille de contrebande ». Je me propose de vous en faire découvrir la profondeur…
Voici ce que dit la notice qui accompagne le Tarot :
Période de questionnement, d’introspection, de souffrance. L’engluement dans une peur qu’il est impossible de dépasser. L’emprisonnement dans la toile d’araignée de l’indécision, suspendue dans le vide. Perdue entre les trois termes d’une équation insoluble : soi-même, sa réalité visible, sa réalité rêvée. Tendre vers l’un des trois termes pour s’en dégager, c’est à coup sûr déchoir. Aussi, on reste prisonnière, emmêlée dans ses contradictions, ses lâchetés, les alibis qu’on se donne pour ne pas agir.
Le triangle est, avec le cercle, l’une des deux formes parfaites des Symbolistes. Mais ici c’est un triangle imparfait, qui évoque l’incertitude, le devenir, et la répétition. Car le triangle de cette arcane est une corde, avec une figure géométrique qu’on imagine varier autour du « triangle parfait » (équilatéral), sans jamais l’atteindre vraiment.
A l’époque, quand j’ai présenté pour la première fois cette image au public, j’écrivais : « Parler du triangle dans l’amour, lorsqu’on aime deux personnes et qu’on est partagée entre elles, c’est parler d’une expérience entre envol et chute, bonheur et souffrance, le tout dans l’acrobatie. Ceux qui connaissent ma vie privée apprécieront ». A propos de la construction technique de la photo, je rajoutais : « C’est toujours, encore et encore et éternellement, le même fond du même studio, le même bout de mur, que j’essaie d’éclairer, en jouant toujours sur les gélatines peintes, de manière à chaque fois différentes. Et de traiter à chaque fois d’une nouvelle manière. Comme sa propre peau, qu’on habille, qu’on maquille, qu’on présente à chaque fois différemment, pour plaire, mais qui reste, banalement, toujours la même défroque ».